« Le laboureur des mers »
Quand le char du soleil roule sur l’océan
Ouvrant derrière lui de profondes ornières,
Des éclats de diamants accrochés aux crinières
Ses impétueux coursiers sur un terrain mouvant
Dans un fracas d’enfer éclaboussent le vent.
Derrière sa charrue il traîne dans son dos
Une volée de mouettes qui, sabrant les ondes
Comme sur les semis les hirondelles fondent,
Dans un accent aigu saisissent dans les eaux
Des étoiles grouillant comme des vermisseaux.
Le champ est retourné. Que le labour est beau !
O nature, je vis ! Spectacle universel !
Que la lumière est bonne avec son goût de sel !
L’écume noie le temps quand le ciel est dans l’eau
Et que l’éternité retourne son terreau.
Si le soleil se plaît à labourer les mers
S’il passe chaque jour au dessus des sillons
Plantant dans son jardin ses lumineux rayons
Avec autant d’ardeur, c’est en vue des hivers
Pour en fin de saison y moissonner des vers