Le cirque est silencieux...
La Mort a rendez-vous en habit de lumière
Au supplice d’un dieu...
Quand sur une clameur s’élève la prière :
Surgi du chiquero
Le fougueux animal, (la fête est pour lui seul !)
Fait face au torero.
La rouge muleta lui sera son linceul !
Perfides histrions,
Matador et peones dansent la séguedille
Avec leurs aiguillons :
Pour l’un l’épée, pour les autres la banderille.
La vague des passions déferle des gradins
En autant de stigmates,
Elle s’amplifie, s’exhausse jusqu’aux vices divins
En flaques écarlates...
Comme un vaste océan,
Cette foule assoiffée qui célèbre la Mort
Sur ce roc de sang
Assaut après assaut, relance son effort...
Toro beugle et se terre
En refusant son sort une épée dans le dos,
Au milieu du cratère
Il en appelle à Dieu reniant son credo.
Mesurant d’un œil rond
Le cercle de vertige où s’abîme son heur,
Au salut du clairon,
Vaincue par une lame, la bête enfin se meurt.
A marée descendante
La foule retirée oublie son macchabée
Dans l’arène sanglante
Sur le dernier rivage aux regards dérobés...