Merlin
Quel est ce fou du bois, prophète en Brocéliande
Légende de ce vent qui souffle sur la lande
La gloire de son prince, d’où d’une branche en rime
Répondant aux échos court une blanche hermine ?
« Merlin !... Merlin !... » Répondent les lutins
Prisonnier de Viviane en un cercle d’amour
Au bord d'un étang bleu dans un Val sans Retour
La harpe et l'olifant de son château de verre
Promènent sa complainte à travers la bruyère.
« Merlin !... Merlin !... » Répètent les lutins
Les druides ne sont plus autour de Barenton
Seule la fontaine dort sous son ciel breton,
Sa prison d'air s'enclot dans un rideau de pluie,
Le cresson vert se noie et la forêt s'ennuie
« Merlin !... Merlin !... » Chantonnent les lutins
En faune troubadour des cuivres de l’Arvor
A l’automne levé par la plainte du cor
Merlin poursuit le cerf dans sa fuite aux abois
Entraînant aux enfers la meute des danois
« Taïaut !... Taïaut !... » Résonnent leurs échos
Il sacrifie son sang à l’immortalité
Sur le secret dolmen emprunt d’éternité
Depuis que son granit pierre usée d’un tombeau
Pleure son souvenir à coups de vent et d’eau.
« Merlin !!... Merlin !... » Sanglotent les lutins
Quand le soleil s’efface au fond de l'étang noir
Un Saint Graal apparaît irradiant ostensoir
Autour duquel alors, communiant dans la nuit,
Des chevaliers errants se prosternent sans bruit
Jusqu'au réveil d’or des cloches de Josselin
Qui rappellent à l’entour : « Merlin !...
Merlin !... Merlin !... »