Alors que j’attendais d’une bouteille vide
Témoin illuminé de mon ennui morbide
L’ultime réconfort sur la nuit qui bascule,
J’ai vu dans son cristal l’éclair d’un crépuscule.
Mélangeant son ivresse à ma mélancolie
J’ai discerné en lui une secrète vie :
Rien ne laisse penser que le litre soit plein
De l’air que l’on respire en le vidant du vin.
Et pourtant ! Se pliant à sa nouvelle norme
De sa cage le gaz a épousé sa forme.
Semblable à un génie prisonnier du bocal,
Assis, il se morfond sur un culot bancal.
Dorénavant il n’est qu’à travers la forme,
Misérable captif d’un état qui déforme
L’esprit par la matière et l’âme par le corps,
Inexorablement prisonnier de son sort.
Comme le dieu cruel, en capricieux gamin,
Fauchant son jeu de vies d’un revers de la main,
D’un geste j’ai heurté la bouteille d’alcool
Qui, déséquilibrée s’est brisée sur le sol….
Hormis d’épars éclats, rien n’a changé. Pourtant,
L’air se libère et vole aux quatre coin du temps
Comme font les esprits que délivre la Mort.
C’est ainsi qu’il en est de l’âme en notre corps !
Quand l’ange la délie de nos chaînes de chair,
Du tombeau elle joint le lumineux éther
Où dans l’éternité l’âme en Dieu communie
Là où tout est amour, parfum et symphonie.