Depuis mon canapé dans l’ombre
Par ma fenêtre cybernétique
Dans un songe, cru virtuel,
J’ai vu l’archange Gabriel
L’épée en main, fondre du ciel
Sur les deux tours de Manhattan
Cathédrales du dieu Mammon ….
D’airain était sa chevelure,
Ses ailes puissantes et d'or,
Ses lames brûlantes de feu…
Et ce matin furent les prémices
Du premier jour d’apocalypse !
Les deux tours on été sabrées
Telles des têtes de veaux d’or,
Instinct horrible de la Mort
Dans une fumée infernale :
Deux-mil-neuf-cent-soixante-seize
Entre autres innocentes victimes
Sont précipitées dans l’abîme !
Des hommes qui sont si petits,
Aussi petits que des fourmis,
Tristes hosties collatérales
D’un massacre de cathédrales
Qui, en ce mardi de prémices,
Sont aux pires heurs d’apocalypse !
Les pompiers, banquiers et traders
De la flibuste monétaire,
Tous les pilotes et caboteurs,
A distance depuis la mer,
Se couvraient des cendres amères
Et de la pluie des confettis
De leur richesses de papier.
Ils pleuraient et se lamentaient,
Dans un cénacle d’hallali
En voyant fumer leur brasier :
« Serait-ce en ce jour les prémices
D’un retour de l’Apocalypse ?
Ô nos jolies tours de Babel !
Notre nouvelle Babylone
Tous nos lingots d’or en colonnes
Anéanties en un instant !…
Pourquoi tant de haine gratuite
Nous accusant tels les jésuites
Du déclin de l’empire romain
En nous semant ainsi la mort ?
Il faut détruire ces va-nu-pieds
Pour nous avoir précipités
Par une foudroyante ellipse
Dans l’enfer de l’apocalypse ! »
La suffisance du Capitole
Maîtrise si bien son pétrole !...
A t’il eu jamais conscience
Qu’à trop souffler un vent de guerre
Sur la créance du tiers-monde,
En suçant le sang de son sol
Dans une appétence d’ogresse,
Qu’en levant l’armée des esclaves
En révolte des oppressions,
Un jour d’opportune faiblesse,
Par un retour des islamistes,
Leur soufflerait l’apocalypse ?
Avant que la nuit n’éclipse
Tout espoir d’un lendemain,
Si les hommes en avaient conscience,
Artisans de leur propre enfer,
Autrement mieux qu’avec leurs sciences,
Ils se reconnaîtraient pour frères
Et sauraient en changer la donne
En renonçant à faire l’aumône,
Mais portant corbeilles de fruits
Et rameau d’olivier en main
Ils consacreraient les prémices
D’un renouveau du genre humain.