Un jour déjà que je suis mort.
Du lit de mon confiteor
Au son d’un glas monotone
J’entends les pas de l’automne
Sur ma tombe résonner.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Et sitôt le diable me mord
De ses dents cruelles de rat.
Ma fange demain nourrira
Les racines d'un vin glacé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Pourtant le soleil au dehors
Continue de peindre en couleurs
La terre, le ciel et les fleurs
Pour à la nuit les effacer.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
L'homme au pommier se pend encor,
Et son âme se love autour
Du tronc délicieux de l'Amour,
Corps de femme, corps enlacé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Que ne l'ai-je vécu encor
Et revenir pour mes adieux
Voir mes amis de Saint Brieuc.
Sur ce, partir sans grimacer !
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Je m'en vais mûrir le remords
Au delà d'une mer putride
Odyssée, Iliade, Enéide,
Tant de voyages dépassés
Pour accoster un dernier port...
Ad requiescam in pace !