Un rocher solitaire
Semble tenir la Terre
Contre marées et vents
Au delà des vivants.

Il s'avance dans l'eau
Comme un puissant vaisseau
Sur qui aucun orage
Ne peut causer naufrage.

Sur l'étrave qui tranche
La mer prend sa revanche.
Comme un pic, elle pioche
Et s'accroche... à la roche.

Elle écorche... elle hache
Et bûche... sans relâche...
Les vents influencés
Vocifèrent : "Assez !..."

Sur lui, la houle flanche...
En avalanches... blanches...
Et le naufrage est proche.
Le rocher devient roches

Qui s’usent au brassage
Des vagues sur la plage.
Egrenant ses chapelets
La mer joue aux osselets !

Ces pierres dans les eaux
Sont comme des cerveaux
A qui le temps efface
La mémoire et la race.

La grève est un grimoire...
Ainsi s'inscrit l'histoire
Sur des sables glacés
De rochers effacés.