La grande Babylone
Ce matin las,
Un astre rouge
S’est levé de la nuit par derrière l’horizon.
Il s’écrase
Comme une pomme...
De sang mur
Sur la mégapole blafarde
Plantée de ses tours babéliques
Aux clapiers de prisons.
Sa pulpe lézarde les murs
Tagués sur le béton....
Que la rue de la ville est triste,
Tant mon âme esseulée se grise !
Soudain ! Le Son ...Strident
Des Sirènes Single la ville
D'un Froid Frisson...
A l’heure où les corridors des HLM blêmes
S’illuminent...de leurs gaines au néon :
Lumières sys-té-ma-tiques...
Dentures fan-to-ma-tiques...
De trous mé-ca-no-gra-phiques...
De glaces... Et de béton.
Dans un vomitoire du métro
Un arnaqueur de Pantin
Écornifleur de grand tapin
A levé une pute en raie publique
Fam...élique
Qu’il nique comme un lapin
Sous l’œil lubrique
De la caméra flic.
Que la rue de la ville est triste,
Tant mon âme esseulée se grise !
Des vomissures du soir
Maculent les trottoirs.
Des cyclistes gliss...ssent
Sur la chaussée cafarde...
Et le quidam sort de sa bulle.
Il déambule...bule...bule...
Sur le macadam
Entre poubelles et noctambules.
Sept heures !
C’est l’heure de l’autobusss...
Couleur de blues...
Qui va l’emmener au terminusss...
Des O.S.2...
Pointer son SMIC.
Que la rue de la ville est triste,
Tant mon âme esseulée se grise !
Déjà huit heures !
La ronde ronfle...sur les boulevards
Piqués de réverbères barbares.
Sur les coussins des limousines,
C’est l’heure pour les bobos
Et des dames en zibeline
De rentrer au château.
Pendant que dans un coin...
De son lit de cartons
Un clochard transparent
Tend la main...
Et que son chien Socrate
Sur un livre de poésie
Lève la patte...
Que la rue de la ville est triste,
Tant mon âme esseulée se grise !
En lisière des beaux quartiers
De l’orgueilleuse ville
Protégée par ses vigiles,
C’est l’heure pour les « Babel » d'or
De la Défense bling-bling
D’ouvrir les mâchoires vampiriques
Aux bourses épileptiques,
Quand leurs ordonnateurs
De leurs pontes funèbres
Aux « bull » informatiques
Depuis le bord de la corbeille
Sucent le sang
Des ouvriers d’usines,
En célébrant
Le rapport des guerres financières
Et des morts à venir...
Que la rue de la ville est triste,
Tant mon âme esseulée se grise !
Je vais être bref :
je vois en vous un bon barde breton et un humaniste : un vrai, à la Hugo, c'est à dire plein de tripes et de cœur !
Michel Bernard
Merci pour cette musique!