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Le 24 décembre 2011

Mor noire

Le 17 mars 1978, le supertanker « Amoco Cadiz » s'échoue devant Portsall au nord de la Bretagne...
Le 12 décembre 1999, le pétrolier « Erika » s’échoue au large de la côte sud du Morbihan...
Le16 décembre 2011, le « TK Bremen » s’échoue sur la plage d’Erdeven dans le Morbihan.

***

Le ciel a dressé son chapiteau d’oiseaux
Sur l’île blanche de Rouzic
Roulant dans le champ joyeux du vent
Ses vagues hystériques
Sur les rochers
Au milieu des chamailles des volatiles
Et des flonflons d'ailes froissées.

Evadé de Bréhat pour une musardise
Un macareux comme au cirque
Le bec en clown a mis
Pour la grande marée
Son frac, gilet blanc
Et ses vernis palmés...
Sur son roc en granit,
Bec au Noroît, l’œil rond
Il hume le vent iodé.
Tel un charlot maladroit
Amant d'une marquise,
D'un plongeon de pieds droits
Il s'en va moissonner
Aux champs de liberté,
Les embruns irisés
Au parfum de banquise,
Pendant qu'à l'horizon de la mer grise,
Dessinant le sillon aux oiseaux,
Se trace l ’AMOCO...

Au bleu du ciel,
Fous de Bassan et goélands se frisent
Dans la lumière de sel...
Qui ruisselle...
Comme une vocalise...
Lissant ses vagues en dentelle,
Sur lesquelles s'aiguise
Le dard de l ’AMOCO CADIZ...

Les orgues de la Manche
Résonnent en avalanches
Des plaintes déchirées
De l'océan violé.

Les vents frondent ce dimanche
Et la Manche...
A l’assaut fantassine
Les flancs du géniteur d'usines.
Les récifs... se hérissent...
Sous ses déferlantes blanches
Là où des ailes barbarisent...
Autour de la bête qui flanche.
La vengeance s'accomplit
De rocs en roches... De roches en rocs...
Et sirène l’hallali
De l ’ AMOCO CADIZ...
Par une flèche en pic
Le trident de Poséidon
Dans sa panse s'est planté...
Et le ressac saigne
Le sang du pétrolier...

A l'aberwrac'h, échoué,
Son ventre engrossé des œuvres de l'Hadès,
Ouvert aux mains fouilleuses qui la blessent
Par sa puante plaie avorte et dégueule
Son noir placenta en nauséeux linceul,
Recouvrant l'anémone,
La châsse des étoiles aux jardins exotiques
Et de vagues en plages
Aux rivages sauvages
Les champs d'or de Saba
Des monstres aquatiques...
La peste océane pêche... hélas !
Son filet amplement déployé
Brasse dans une fin poisseuse
La seiche... le clovisse...
L'algue et le goéland...
Brisant... en ses mailles l'élan
Des galops des eaux
Qui s'enlisent... dans le sang
De l ’ AMOCO CADIZ...

Comme un bouchon,
Le macareux de charbon
Sur sa vague visqueuse... glisse...
Au clair de mer qui s'éclipse...
Il se demande pourquoi
Ses ailes tout à coup, pèsent un tel poids ?
Alors... il se laisse échouer
Sur le sable où hennissent...
Les chevaux enlisés de l'Apocalypse.
Ses plumes engluées
Dans un caillot d'effroi,
L'oiseau tremble de peur et de froid,
Pendant que l ’ AMOCO CADIZ...
A deux milles agonise...
Le volatile en cette heure pressent-il
Une mer d'Attila, que déjà
De la mort indélivrable proie
Fuyant la main de l'homme,
Il rentre dans le miroir fantôme
Pour la dernière fois.

Alors que le glas de Portsall sonne...
Les filets sur le quai et les chaluts en vrac,
L'homme de l'Aberwrac'h,
A genoux sur la grève
Invoquant sa Madone...
Les yeux impuissants et brouillés
Témoin à jamais prisonnier
De l'océan qui crève
Sait que demain n’aura jamais
Tant ramassé la mort en autant de paniers...

Commentaires

Merci Roger André pour ce joli poème qui rappelle pas mal de catastrophes survenues en BRETAGNE, catastrophes laissant des traces inoubliables. J'aime entre autre la phrase " le macareux , comme au cirque, le bec en clown"...ETC...+ les flancs du géniteur d'usines...et beaucoup d'autres phrases.Tu as du mettre pas mal de temps à le rédiger,mais tu as bien relaté le déroulement de pareilles catastrophes..


Commentaire n°1 posté par Marcelle le 26/12/11 à 10:29

Etant native des Côtes d'Armor, je déplore les ravages de cette Bretagne nostalgique, de sa faune et de sa flore, pays si cher à mon coeur !


Commentaire n°2 posté par Marie Louise le 26/12/11 à 09:56
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