Lacrimae Christi
Quand les banques souveraines
Jouent l’humain au baccara
Les esclaves à leurs chaînes
Dans leurs plans ne comptent pas,
Car les murs sont à la haine
Ce qu’est le Veau d’or à Judas.
Quand les fumées de Mauthausen
Empêchent le croissant d’Allah
De briller sur Jérusalem
Avec l’étoile du Sabbat
C’est que les murs sont à la haine
Ce que Caïphe est au Sénat.
Quand aux orgues de Bethléem
Répondent les cris des combats,
Et qu’on enchaîne les poèmes
Dans les barbelés de là bas
C’est que les murs sont à la haine
Ce qu’est la foule à Barabbas.
Quand une potence inhumaine
Crucifia le « renégat »,
Si personne n’eut de la peine
Sur son sang l’échafaud pleura
C’est que les murs sont à la haine
Ce qu’est Pilate au magistrat.
Quand des otages sont dans leur chaîne
Et que gerbent les attentats,
Si le Tiers monde se déchaîne
Contre les riches potentats
C’est que les murs sont à la haine
Ce qu’est la Tunique au soldat.
Au bras de Simon de Syrène
Tous les cœurs ont la même voix,
Tous les sangs sont de même veine,
Tous les os font un même bois,
Pourtant les murs sont à la haine
Ce qu’est la croix au Golgotha.
Avant que l’homme se souvienne
Qu’il n’est qu’un fantôme ici-bas
Une ombre qui se promène,
Son suaire le recouvrira
Puisque les murs sont à la haine
Ce qu’est le tombeau au trépas.
Sont les voix de Yad Vashem
Qui nous rappellent au Sabbat :
« Tombe tes murs en Bethléem
Que ton sang n’en rougisse pas !
Les pierres lavées de leur peine
Sicut Christo Lacrimae ».
cordialement
un ginglinais
François Fournet
poète, comédien, animateur radio
"www.lemanoirdespoètes.fr"