Roger-André Halique « Les landettes »
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Ce poème exposé au musée de Linz en 1975 est extrait de "L'étrange étranger"
(R.A.Halique, Editions de L'Athanor)
***
L’humanité fait face aux marches de la haine !
Les cent quatre vingt six, d’où de l'enfer profond
Jusqu'au plus haut du ciel aucun dieu ne répond Les marches de Mauthausen
Aux accents d'opéra, dantesque mise en scène,
Pendant qu’à l’appelptatz l’orchestre joue Wagner
D’hallucinés zombies remontent au concert Sur les marches de Mauthausen
La tête pantelante et soumise à l'amen,
Ténébreux margotins que la faim racornit,
Ils portent sur le dos leur trépas de granit Sur les marches de Mauthausen
Au rythme cadencé des sabots de la haine
Qui chaussés du supplice exaspèrent la chair
Les reins se plient aux coups du brutal Matoucher Sur les marches de Mauthausen
La Mort double sa chance en tablant sur deux N
Humains de toute race et de noble vertu,
Espagnols, juifs, hongrois, tant de vies que l'on tue Sur les marches de Mauthausen
Ainsi l'homme n'a droit qu’à une fin obscène
Et quand sa croix de bois chauffe le crématoire
Une botte nazie écrase sa mâchoire Sur les marches de Mauthausen
Du haut de la carrière une folie soudaine,
Devant des yeux vaincus par la fièvre et la peur,
A poussé dans le vide une vie qui se meurt Sur les marches de Mauthausen
Des molosses rageurs se mêlent à la scène
Eventrant la charogne avant que la ramasse
La charrette du soir des trépassés qui passe Sur les marches de Mauthausen
Macchabées incestueux empilés par douzaine,
Tas de membres flottants et qui sentent le pus,
Ils se sont libérés et ne passeront plus Sur les marches de Mauthausen
Et pendant que le feu sur leur chair se déchaîne
Un sépulcral encens monte du crématoire
Et chasse le soleil de la campagne noire Sur les marches de Mauthausen
O vent superbe et libre emporte dans ta plaine
La cendre des martyrs et leur rêve invaincu,
Puis rapporte aux échos tout ce qu'ils ont vécu Sur les marches de Mauthausen
Le venin du démon circule dans nos veines
Pour un matin germer d'un monstre grimaçant,
Tel sur l'étoile jaune un champignon de sang Sur les marches de Mauthausen
Notre malheur se livre aux feux de la Géhenne,
Devant la cruauté nos consciences sont lâches
Et tous les pieux discours n’effacent pas nos taches Sur les marches de Mauthausen
Si sur les marches, morts, ils ont vaincu la haine
Sa trace sous les pas du temps va s'émousser
Et l'insidieux poison peut toujours repousser Sur les marches de Mauthausen.
Trés dur et trés beau!...il faut Malraux et sa voix si particulière pour dire ou crier et enfoncer un tel texte. Merci.
Commentaire n°1 posté par Francisque le 09/05/12 à 13:22
Poignant poème ! Evocation de scènes terrifiantes, de la cruauté d'une race inhumaine envers des êtres humains sans défense, voués à une mort sans pitié. Evocation macabre d'il y a seulement quelques dizaines d'années, qu'on voudrait ne jamais connaître et surtout pas nos enfants ou descendants. Hélas, certains peuples de la planète continuent à subir de tels sorts, sous le joug de dictateurs puissants, face à des désapprobations silencieuses des "grands" de ce monde.
Commentaire n°2 posté par Myvonne le 09/05/12 à 13:17
J'ai beaucoup aimé ce poème où hélas pourtant la pire des atrocités y est décrite. J'ai eu une grande amie Ovida qui m'a confié tant de choses après avoir connu ces camps horribles! Gine DELIEURE poète et amie
Commentaire n°3 posté par Michel le 05/05/12 à 10:42
Magnifique poésie Roger, elle m'émeut au plus profond de mon être. Amitiés
Commentaire n°4 posté par Maurice Lemaire le 05/05/12 à 10:38
Merci.
Evocation de scènes terrifiantes,
de la cruauté d'une race inhumaine
envers des êtres humains sans défense,
voués à une mort sans pitié.
Evocation macabre d'il y a seulement quelques dizaines d'années,
qu'on voudrait ne jamais connaître et surtout pas nos enfants ou descendants.
Hélas, certains peuples de la planète continuent à subir de tels sorts,
sous le joug de dictateurs puissants, face à des désapprobations silencieuses
des "grands" de ce monde.