Dans l’insolent miroir des ans
Qui frémit en me regardant,
J’ai vu la Mort
En me rasant
Poser son aile sur mon corps
Comme l’épée d’un matador ! …

***

Soudain une prière
D’un cirque silencieux, se soulève en clameur :
La Mort a rendez-vous en habit de lumière
Avec ses spectateurs !...

Surgi du chiquero
Un fougueux animal, ( La « fête » est pour lui seul ! )
Fait face au torero.
La rouge muleta lui sera son linceul !

Perfides histrions,
Matador et peones dansent la séguedille
Avec leurs aiguillons :
Pour l’un l’épée, pour les autres la banderille.

Picador à cheval pointant sa garrocha
Harponne le taureau
Ouvrant sur une plaie un inégal combat
Dont le sang coule à flot.

La vague des passions déferle des gradins
En autant de stigmates,
Elle s’amplifie, s’exhausse jusqu’aux vices divins
En flaques écarlates…

Comme un vaste océan,
Cette foule assoiffée qui célèbre la mort
Sur ce roc de sang
Assaut après assaut, relance son effort…

Mesurant d’un œil rond
Le cercle de vertige où s’abîme son heur,
Au salut du clairon,
Vaincue par une lame, la bête enfin se meurt !

A marée descendante
Les consciences violées se cachent les visages,
Laissant leur macchabée traîné sur le rivage
De l’arène sanglante !…