Miracle en Brocéliande
Photo d’époque
Le miracle se fait quand renaît la légende !
Son feu s’allume quand passe dans la bruyère
Sous son ciel ardoisé une ombre sur la lande.
Les mains tendues au vent, trébuchant sur les pierres,
Insensibles aux babous des lutins et des clercs,
Une enfant de cinq ans répète ses prières.
Soutenue par les bras torturés d’êtres verts
Elle porte son pas aveugle sur la mousse
En fixant l’au-delà, ses yeux blancs grand ouverts.
Soudain ouït un appel, comme une plainte douce
Tandis que Galaad sur son blanc destrier,
Par un enchantement vers cette voix la pousse.
Enfin, elle rejoint à l’ombre d’un rosier
Les sanglots d’une source au pouvoir d’une mère :
Une dame à l’orée caresse un lévrier.
Elle a le regard doux d’une grande bonté,
Les épaules vêtues d’un manteau de samit,
Et ses cheveux de vierge exhaussent sa beauté.
Laisser ainsi marcher une enfant dans la nuit
C’est éteindre le phare au marin sur la mer,
C’est laissé vaincre Abel et mourir Pompéi !...
Le ciel est sans étoile et le berger se perd !
C’est privé d’un miroir les merveilles du monde,
C’est un puits desséché au milieu du désert !
La dame se disant, prend, se penchant sur l’onde,
Dans le creux de la main une once de clarté,
Elle invite l’aveugle, et sur le front l’inonde.
Sitôt le jour fleurit dans son obscurité,
Un pétale azuré s’ouvre sur son pistil.
Du fond de son tombeau jaillit l’Eternité.
Une main flamboyante a relevé ses cils.
Lancelot affranchit la Douloureuse Garde,
Le cimetière mue en verger puéril…
Et les yeux de l’enfant s’entrouvrent et regardent,
Là sortant d’un sentier, le port triomphant
Un superbe cerf blanc traînant une guimbarde
Avec un cul-de-jatte en manteau de chouan
Portant la barbe grise et longue chevelure :
Merlin de Tintagel jouant de l’olifant.
Le gui du chêne pleure, l’herbe se transfigure,
La lande se prépare au sabbat des sorcières
La lune qui se voile en est de bon augure.
La pluie en perles tinte aux crosses des fougères,
Sous son dais frémissant le Saint Graal étincelle,
A la nuit les menhirs iront boire aux rivières !
Viviane au coin du feu festonne sa dentelle
Et Morgane en son Val garde son prisonnier
Dont la plainte de rus en fontaines ruisselle.
C’est l’heure où l’an fané rebronze son cimier.
Les ors de l’Arcadie pleuvent sur Brocéliande
Donnant des yeux aux chênes et du sang aux pommiers.
J'espère que vous allez bien.
Meilleures pensées poétiques.
Michèle
Anne
Bien à vous.
Liza
Oh ! comme ce poème est M A G N I F I Q U E ET T R O U B L A N T !Un grand merci pour ce cadeau !