Quand le vent se déchaîne au bord des étangs noirs
Des phalanges de chênes ébrouent leurs toisons d’or
En se mirant dedans comme sur un miroir.

Délaissée du soleil dont elle vibre encor
La forêt chiffonnée se refait un visage
Et pleure son amant en changeant son décor.

L’automne est arrivé sur un galop d’orage.
La pluie en perles tinte aux crosses des fougères
Et tombe en rideau de ses tonnants nuages.

La lande se prépare au sabbat des sorcières
Pour battre le rappel de ses rites obscurs…
A la nuit les menhirs iront boire aux rivières !

La lune qui se voile en est de bon augure
Sous un dais frémissant le saint Graal étincelle
Les fées sont de retour, le bois se transfigure.

Viviane au coin du feu festonne sa dentelle
Et Morgane en son Val garde son prisonnier
Dont la plainte de rus en fontaines ruisselle.